Des CQP Couvreur Lauzier, pourquoi ?
Actuellement en France, la présence de couvertures en lauzes naturelles est attestée dans au moins 47 départements. La filière représente entre 424 et 463 entreprises et entre 1003 et 1159 emplois de lauziers (estimation ALC, année 2021).
Ancré dans nos territoires depuis le 16ème siècle, le métier de lauzier s’inscrit autant comme un savoir-faire ancien au service du patrimoine bâti, que comme un métier en devenir et particulièrement dans l’air du temps (artisanat d’exception, usage de matériaux locaux et naturels, réalisations durables, filière à faible empreinte carbone…).
Aujourd’hui pourtant, les entreprises de couverture rencontrent pour la plupart des difficultés à trouver de la main-d’œuvre suffisamment qualifiée, et permettant de répondre aux exigences d’un marché pouvant être qualifié d’artisanat d’exception.
En effet, le marché de la lauze est souvent assuré par des structures dans lesquelles les ouvriers se forment « sur le tas ». Ces mêmes entreprises disposent souvent de carnets de commande pouvant aller au moins jusqu’à un an d’avance. La demande est donc nettement supérieure à l’offre, les carnets de commande sont saturés, et pourtant ces entreprises peinent à recruter du personnel qualifié.
Par ailleurs, l’absence de règles, de normes et de formations au sein de la profession des couvreurs lauziers, a conduit certaines entreprises à réaliser des malfaçons par méconnaissance du métier, pénalisant par là-même l’ensemble de la filière et la crédibilité de ce système constructif.
Des CQP portés par la filière, et vecteurs d’emploi
Conscients de la nécessité de sauvegarder le savoir-faire et d’organiser et développer la filière, un groupe de professionnels issu de diverses régions françaises s’est structuré autour de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Région Occitanie et de l’association nationale des Artisans Lauziers Couvreurs (ALC), afin de relever le défi de créer deux CQP de couvreur lauzier : un spécialisé sur la pose du matériau schiste, l’autre spécialisé sur la pose du matériau calcaire.
Ces deux CQP sont aujourd’hui portés par la Fédération Française du Bâtiment et des Travaux Publics délégation Lozère (FFB-TP 48). Les formations et les évaluations sont organisées par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Occitanie, et son pôle de formation de Mende (48), en collaboration étroite avec l’association nationale des Artisans Lauziers Couvreurs (ALC).
Les deux CQP répondent ainsi à une demande importante de qualifier les (futurs) salariés des entreprises de couverture en leur apportant un complément de compétences qui n’est à ce jour pas enseigné dans le cursus de formation du métier de couvreur. Ces certifications apparaissent ainsi comme un complément indispensable à leur enseignement car ils pallient à l’absence de formation qualifiante existante relative à l’utilisation de lauzes naturelles. Plus que des CQP complémentaires à un CAP, l’objectif est clairement d’attirer les (futurs) couvreurs vers un métier d’avenir en termes d’emploi, avec une forte dimension patrimoniale, et particulièrement respectueuse du matériau et de l’environnement.
Parallèlement, l’association nationale des Artisans Lauziers Couvreurs travaille à la reconnaissance de ces CQP à l’échelle de la commande publique, qui sera progressivement encouragée à conditionner les marchés publics portant des enjeux patrimoniaux autour de la lauze à la présence d’une entreprise ou d’un artisan qualifié (CQP validé) au sein de l’équipe retenue. Cette innovation permettra d’éviter à l’avenir les malfaçons dues aux méconnaissances du matériau et de sa mise en œuvre.