Rencontre avec François Chauvin, l’expert qui accompagne la filière lauze vers ses règles professionnelles 

François Chauvin

La rédaction des règles professionnelles de la couverture en lauze est l’un des chantiers les plus structurants menés par la filière. Pour mener à bien ce projet technique et réglementaire dont l’échéance est fixée à mai 2027, ALC a décidé de s’entourer de plusieurs partenaires et de personnes expertes dans leurs domaines. François Chauvin est fort d’un demi-siècle d’expérience dans les arcanes de la toiture, nous l’avons rencontré pour comprendre son rôle, ses motivations et les enjeux de ce projet essentiel.

D’un Tour de France à un tournant pour la lauze

François Chauvin nous raconte son parcours : « J’ai commencé ma vie professionnelle en 1973 à l’âge de 16 ans, en partant faire mon apprentissage de charpentier à Angers à l’association ouvrière des Compagnons du Devoir, puis j’ai enchaîné en faisant mon Tour de France. » Installé à Lyon en 1980, il dirige pendant dix ans une entreprise de charpente-couverture, créée avec un associé. C’est après cette expérience de terrain qu’il rejoint le fabricant de tuiles Coverland (devenu Monier), où il devient responsable technique.

Son rôle prend alors une nouvelle dimension. En plus de piloter la rédaction des documents normatifs des produits de l’entreprise, il intègre des commissions techniques professionnelles (fédération des tuiles et briques, syndicat national des écrans de sous-toiture et syndicat des accessoires manufacturés de toiture) et normatives (BNTEC pour les DTU couvertures, CCFAT pour le GS5 validant les AT et DTA, CSTB pour les certifications QB 25-35 et 38 ainsi que l’AFNOR pour la normalisation des tuiles).

Retraité depuis 2020, il a conservé ses fonctions dans plusieurs de ces instances. Il continue, en tant qu’indépendant, de collaborer avec différents acteurs du métier à la rédaction de documents techniques et normatifs.

Alors, qu’est-ce qui a poussé cet expert des produits manufacturés à s’intéresser à la lauze, un matériau par essence non standardisé ?

Sa réponse est simple et humaine. Pour lui, cet engagement dans la formalisation des savoir-faire est une suite logique de son propre parcours. « Je pense que parallèlement aux modules de formations professionnelles, cette formalisation est un outil indispensable à la transmission du métier, » nous confie-t-il. C’est un travail qu’il juge « passionnant », car il permet de faire converger des approches et des acteurs très différents vers un cadre commun. Le projet d’ALC et la motivation des artisans ont été le déclencheur :

« S’il est vrai que je ne suis pas un professionnel de la lauze, j'ai tout de suite été intéressé [...] en constatant l'engagement des Lauziers présents. J'ai eu le sentiment qu'il y avait un challenge intéressant à relever. Avec le savoir de tous ces artisans et mes connaissances des procédures normatives dans le domaine de la couverture, nous pourrons aboutir sur ces règles professionnelles. »

“Décrire, harmoniser, sécuriser” : le sens d’une mission

Concrètement, en quoi consiste sa mission ? La lettre signée avec ALC en août 2025 définit un contour précis. François Chauvin apporte son expertise et son appui technique sur :

  • La rédaction et la relecture des règles professionnelles et sa présentation aux différentes instances.
  • L’aide à la création d’une base de données de chantiers de référence, mais aussi des cas de sinistralité, pour s’appuyer sur le réel.
  • La réalisation d’abaques – des tableaux techniques – pour définir les principes de recouvrement des lauzes selon la pente, le support ou la longueur du rampant.

Pour François Chauvin, l’objectif est triple : « [Les règles] permettent de décrire les savoir-faire et les règles de l’art. Elles les harmonisent pour qu’elles soient en corrélation avec les modules de formation. Elles permettent également aux différents acteurs de la construction et de la couverture de se comprendre sur un socle commun. » Et, enjeu majeur, « elles permettent une meilleure assurabilité des ouvrages en termes de garanties décennales. »

Un cadre, pas un carcan

Une fois ces règles validées par l’Agence Qualité Construction (AQC), quels seront les bénéfices pour les artisans ? « Avoir à sa disposition un tel document leur permettra d’accéder à des chantiers dans un cadre technique mieux défini et plus sécurisant pour les maîtres d’ouvrage. Il permettra également en cas de litige […] d’avoir une base technique sur laquelle s’appuyer. »

Mais il tient à rassurer. Loin d’être un carcan rigide, ce futur référentiel doit rester un outil au service des professionnels. « Elles ne doivent pas être un carcan pour les entreprises ni un mode d’emploi pour la mise en œuvre des produits. Nous devons y faire attention. »

Un dernier mot pour la filière lauze ?

En conclusion de notre échange, François Chauvin adresse un message direct aux artisans et passionnés qui suivent le projet.

« Je veux leur dire combien j'adhère à leur démarche que je trouve passionnante et qui reflète à mes yeux toute la beauté des toitures qu'ils réalisent avec ces beaux matériaux que sont les lauzes. »

Une reconnaissance mutuelle qui est sans doute le meilleur ciment pour bâtir, ensemble, l’avenir de la filière.